Un bref historique des deux divisions de parachutistes américains qui ont débarqué à Sainte-Mère-Eglise le 6 juin 1944.
La 82ème Division Aéroportée (82e AB)
L’origine de la 82è remonte à la Première Guerre Mondiale, à l’époque la 82è Airborne était une division d’infanterie crée le 25 août 1917 à Camp Gordon. Composée avec des hommes venus de tous les états d’Amérique, d’où la signification du double A de son écusson, « All American » .
La division est envoyée en France en 1917 et participe aux combats en Lorraine, Meuse, l’Argonne puis, lors de l’offensive du saillant de Saint-Mihiel en 1918. La 82è DI est démobilisée le 27 mai 1919 lors de son retour du front et devient le 24 juin 1921, une unité de l’armée de réserve.
Le 25 mars 1942, la 82e DI est réactivée à Camp Claiborne en Louisiane sous le commandement du Major-général Omar N. Bradley. Le 15 août de la même année, elle devient la première division aéroportée américaine (82e Airborne Division) avec à sa tête, le Major-général Matthew B.Ridgway. En octobre 1942, la nouvelle division aéroportée s’installe à Fort Bragg en Caroline du nord et continue sa formation autour des 504e et 505e PIR (Parachute Infantry Regiment) et du 325e GIR (Glider Infantry Regiment) qui deviennent l’ossature même de la 82e AB.
En mai 1943, la 82e AB est la première et la seule division aéroportée à débarquer par bateau à Casablanca au Maroc avant de se cantonner à la frontière Tunisienne. En juillet 1943, la 82e AB participe à la première offensive aéroportée de l’histoire militaire des États-Unis, lors de l’invasion de la Sicile (Opération Husky). De retour en Tunisie, la 82e AB se prépare à sa deuxième opération de combat qui démarre en septembre 1943 en Italie (Opération Avalanche). Le 1er octobre, le 505e PIR est le premier régiment d’infanterie à entrer dans Naples. En décembre 1943, le colonel James M.Gavin est promu Brigadier général et devient commandant en second de la 82e AB.
En janvier 1944, des régiments de la 82e AB restent en Italie (504e PIR, 376e PFAB, 307e AEB) notamment pour participer à l’assaut sur Anzio (Opération Shingle), le reste de la division rejoint l’Irlande du Nord. A la mi-février 1944, la 82e AB s’installe à Nottingham en Angleterre afin de prendre part dans la nuit du 5 au 6 juin 1944 au saut sur la Normandie en France, (Opération Neptune) prélude à l’opération Overlord. La 82e AB est renforcée par deux nouveaux régiments, le 507e et le 508e PIR, le 504e restant en Italie. Après 33 jours de combat, la 82e AB retourne en Angleterre, le 13 juillet 1944.
Le général Gavin prend le commandement de la 82e AB tandis que le général Ridgway prend la tête du XVIIIe Corps aéroporté devenant ainsi le commandant des 17e, 82e et 101e AB.
A la mi-septembre 1944, la 82e AB participe à l’assaut aéroporté sur la Hollande (Opération Market-Garden) et sera relevé le 13 novembre par les Canadiens après 56 jours de combat. La division s’installe près de Reims en France comme unité de réserve. En décembre 1944, les Allemands lancent leur dernière grande offensive dans les Ardennes, en traversant le Luxembourg et la Belgique. C’est dans la nuit du 17 décembre 1944 que la 82e AB reprend la route, vers la forêt des Ardennes afin de prêter main forte aux forces Alliés. L’hiver annoncé sera le plus rude et le plus meurtrier pour la 82e AB qui sera relevée le 19 février 1945 et renvoyée en France à Sissonne.
Le 30 mars 1945, la 82e AB se dirige dans la région de Bonn et sur les rives du Rhin en Allemagne. Le 4 mai 1945, une patrouille rentre en contact avec les Russes et après la capitulation de l’Allemagne, la 82e AB devient force d’occupation à Berlin, ou elle obtiendra son surnom de « America’s Guard of Honor ».
La 101ème Division Aéroportée (101e AB)
La 101e DI fût créée en novembre 1918 mais ne participera pas à la Première Guerre Mondiale. En juin 1921, la 101e division d’infanterie composée essentiellement d’appelés pour le service fédéral et placée en unité de réserve. Cette division devient la 101e division aéroportée (101e AB) en août 1942 sous le commandement du Major général William C.Lee au Camp Claiborne en Louisiane.
A ses débuts, la nouvelle division aéroportée est composée des 327e et 401e GIR (Glider Infantry Regiment) ainsi que du 502e PIR (Parachute Infantry Regiment). Dans le courant de l’année 1942, deux nouveaux régiments rejoignent la 101e AB : les 501e et 506e PIR.
En 1943, la division participe à ses premières grandes manœuvres aux États-Unis et après ces exercices, elle retourne en cantonnement à Fort Bragg, avant de finaliser son entraînement au saut à fort Benning. C’est à la mi-août 1943, que la 101e AB, reçoit son ordre de départ pour l’Angleterre. Le 5 février 1944, la 101e AB perd son commandant en chef, le général Lee, qui est victime d’une attaque cardiaque et sera remplacé le 14 mars 1944 par le Brigadier-général Maxwell D.Taylor, ancien commandant en chef de l’artillerie divisionnaire de la 82e AB.
En Angleterre, la 101e AB continue son entraînement et participe à trois grandes manœuvres annonçant la première opération de combat pour la division. le 5 juin 1944, le Général Eisenhower rend visite à la 101e AB pour leur souhaiter bon voyage et bonne chance, en effet dans la nuit du 5 au 6 juin 1944, la 101e en compagnie de la 82e AB saute sur la Normandie et commence à écrire les premières lignes de son Histoire.
Le 6 juin au matin, la division perd son premier officier supérieur, le Brigadier général Donald F.Pratt, commandant en second de la division est tué sur le coup lors du crash de son planeur (le Fighting Falcon près de Hiesville). Pendant la bataille de Normandie, les pertes pour la division sont considérables, plus de 2000 hommes sont tués et pratiquement 8000 blessés et 350 prisonniers.
La division retourne en Angleterre pour se reposer et se ré-équiper en prévision de la suite des opérations. Le 17 septembre 1944, la 101e AB saute sur la Hollande (Market-Garden) avec pour objectif principal de prendre les ponts et défendre le secteur d’Eindhoven. Les planeurs atterrissent sur les LZ (Landing Zone),les 18 et 19 septembre 1944.
La division rentre en France en novembre 1944 à Mourmelon. Le général Taylor est appelé d’urgence à Washington et passe le commandement provisoire de la division au Brigadier général Anthony C.McAuliffe.
Le 18 décembre 1944, la 101e AB se porte au secours de ses camarades encerclés à Bastogne dans les Ardennes Belges. La défense de Bastogne par la 101e AB permit de ralentir et stopper l’avance allemande dans le secteur.
Le 18 janvier 1945, la division se déplace en Alsace dans le secteur de Sarrebourg jusqu’à la fin février.Le 1er mars 1945, la 101e AB retourne à Mourmelon et recevra des mains du Général Eisenhower, la « Distinguished Unit Citation » pour son rôle à Bastogne.
Début avril 1945, la 101e AB prend position en Allemagne, sur les rives du Rhin et une partie de la division se dirige vers Berchtesgaden (le nid d’aigle de Adolf Hitler). La division reste en Allemagne à la recherche des nazis qui tentent de se cacher et elle sera relevée le 1er août 1945 avant de retourner en France pour se préparer à sauter sur le Japon.
Le saut sera annulé après la capitulation du Japon, le 2 septembre 1945, et la division sera désactivée en France le 30 novembre 1945.
Les Pathfinders (Les Éclaireurs)
Les premiers sauts opérationnels effectués par la 82ème Airborne Division en Sicile (9 juillet 1943), se soldèrent par de nombreuse pertes dues surtout aux parachutages trop éloignés des DZ (Drop Zone).
Il fut décidé de créer des équipes d’éclaireurs ou Pathfinders, parachutés au préalable afin de baliser et sécuriser les zones de saut.
Ces hommes seront équipés de nouveaux matériels spécifique, la balise émetteur « EUREKA » (AN/PPN-1A), jumelé à un récepteur placé sur le C-47 appelé « REBECCA » (APN-2) devaient améliorer le déroulement des opérations et la précision des sauts.
Les premières équipes de Pathfinders furent larguées en Italie (Salerne – 13 septembre 1943).
C’est en février 1944, sur le nouvel aérodrome de North Withman, en Angleterre, que fut créée une école de Pathfinders au sein du IX Troop Carrier Command Pathfinder School.
A cette époque, l’image des Pathfinders n’a pas encore cette réputation d’élite, la 82e et la 101e envoient 300 paras en formation. Certains sont volontaires, d’autres sont mutés pour des problèmes de discipline.
Chaque équipe de Pathfinder se voyait attribuer un C-47 et son équipage spécifique.
Les paras de ces unités sautaient 5 à 7 fois par semaine, dont au moins deux fois de nuit.
Au mois de mai 44, 18 équipes sont formées pour l’opération Neptune, trois pour chaque zone de saut (DZ A,N,C,O,D,T).
Composition d’une équipe
- 1 officier chef d’équipe,(Lieutenant)
- 1 officier assistant chef d’équipe
- 2 opérateurs de la balise « EUREKA »
- 2 assistants opérateur balise
- 1 chef de section lampe holophane
- 7 hommes équipés chacun de deux lampes holophanes
- 4 à 6 hommes pour protéger la DZ.
Lors d’un saut de nuit, 7 Pathfinders sautent avec deux lampes holophane aussi appelée lampes Aldis. 7 d’entre- elles sont placée au sol afin de former un T. La base du T indiquant la direction du saut, la barre transversale, le départ de saut.
Elles sont allumées lorsque le ronflement des moteurs de l’avion leader est perçut. Elles sont placées sur des trépieds télescopiques de manière à être facilement visibles d’un avion mais quasiment invisible depuis le sol.
La dernière lampe est activée par un opérateur, celle-ci clignote en morse la lettre de la DZ, pour aider les avions leaders à repérer leurs zones de saut respectives, signalées par des lampes de couleurs différentes (verte, rouge et ambre) suivant les zones et les unités.
Lors d’un saut de jour, les Pathfinders utilisent des panneaux phosphorescents orange qu’ils plaquent au sol afin de former une lettre, des grenades fumigènes et une balise, et protègent la zone de saut d’éventuelles attaques.
Les autres divisions aéroportées américaines impliquées dans le conflit
La 11è Division Aéroportée
La 11e division aéroportée est officiellement activée au camp Mackall, en Caroline du Nord, le 25 février 1943, sous le commandement du major général Joseph M. Swing. Les formations de combat initiales comprennent le 511e PIR, les 187e et 188e GIR, le 457e PFAB et les 674e et 675e GFAB.
Entre février et décembre 1943, MG Swing fait de l’unité une formation apte au combat. L’excellente performance de la division lors des manœuvres de Knollwood en Caroline du Nord a convaincu le ministère de la Guerre de la valeur des unités aéroportées de la taille d’une division. Le général Swing est l’auteur de la « War Department Circular 113 », qui devient la bible des opérations aéroportées américaines.
Début 1944, la 11e division aéroportée s’entraîne à Fort Polk, en Louisiane, avant d’être déployée en Nouvelle-Guinée, dans le sud-ouest du Pacifique, où elle achève ses préparatifs de combat.
Le 18 novembre 1944, la 11e division aéroportée débarque sans opposition à Leyte, aux Philippines, et entame des opérations de combat. Elle détruit deux divisions ennemies dans des passages de jungle près de Jaro, puis mène plusieurs assauts amphibies de petite envergure synchronisés avec des assauts aéroportés.
Participant au débarquement amphibie d’assaut du 31 janvier 1945 sur Luçon, la 11e division aéroportée fut le fer de lance de l’attaque de la 6e armée, sautant sur la crête de Tagaytay et se battant pour libérer Manille. Le 23 février 1945, la 11e division aéroportée a effectué un raid audacieux sur un camp de détention japonais à Los Baños, sur l’île de Luçon, sauvant 2 147 civils alliés internés. En outre, les hommes de la division ont mené d’autres opérations difficiles par mer et en parachute, maintenant l’ennemi en déséquilibre grâce à des attaques précises et bien programmées qui se sont poursuivies jusqu’au mois d’août 1945.
La 11e division aéroportée a ensuite été redéployée à Okinawa pour constituer l’avant-garde des forces d’occupation japonaises d’après-guerre. Elle reste au Japon jusqu’en mai 1949, date à laquelle elle est transférée à Fort Campbell, dans le Kentucky.
Deux soldats de la 11e division aéroportée ont reçu à titre posthume la médaille d’honneur pour leur bravoure et leur intrépidité remarquables, au-delà de l’appel du devoir, pour leurs actions valeureuses dans les Philippines au cours de la Seconde Guerre mondiale. Il s’agit du soldat de deuxième classe Elmer E. Fryar et du soldat de première classe Manuel Perez, Jr.
La 13è Division Aéroportée
La 13e division aéroportée a été activée au camp Mackall, en Caroline du Nord, le 13 août 1943 – le vendredi 13 – sous le commandement du général de division George W. Griner. Cependant, en décembre, le général Griner a été remplacé par le major général Eldridge Chapman. (Le général Chapman, l’un des premiers pionniers de l’armée américaine en matière d’opérations aéroportées, dirigeait le commandement aéroporté au camp Mackall et avait participé à l’incident de la frontière mexicaine et à la Première Guerre mondiale.
Au début de l’année 1945, la 13e division aéroportée s’embarque pour l’Europe et arrive en février. Elle est cantonnée dans les petites villes au sud-est de Paris. Les principales unités de la division à leur arrivée en France sont le 515e régiment d’infanterie parachutiste (PIR) commandé par le colonel Harvey J Jablonsky, le 88e régiment d’infanterie parachutiste (GIR) commandé par le colonel Samuel Roth et le 326e GIR commandé par le colonel William Poindexter. Pour renforcer la division en vue de la poussée finale en Allemagne, le 517e Régiment de combat parachutiste, commandé par le colonel Rupert Graves, est également affecté en tant qu’unité permanente.
La 517e était composée de vétérans de l’Italie, du sud de la France, de la Belgique et de l’Allemagne, et souffrait de l’absence d’expérience des officiers de la 13e division aéroportée. Le leadership des officiers au combat ne sera pas mis à l’épreuve car les objectifs potentiels des troupes aéroportées sont continuellement envahis par les troupes terrestres qui avancent. Une autre opération, connue sous le nom de code « Arena », prévoyait le largage de quatre à six divisions aéroportées alliées à 160 km à l’est du Rhin. Il s’agirait de la plus grande opération aéroportée jamais menée, mais le général Eisenhower n’est pas convaincu de sa nécessité et l’annule.
L’opération Varsity était la première invasion aéroportée au-dessus du Rhin, en Allemagne même. Mais le général Ridgway donne le feu vert à la 17e division aéroportée en raison de son expérience du combat dans les Ardennes. La 13e Airborne sera maintenue en « réserve stratégique ».
Après la capitulation de l’Allemagne le 7 mai 1945, les 13e et 101e divisions aéroportées furent informées de leur réaffectation dans le Pacifique. Cependant, le largage des bombes atomiques sur le Japon en août 1945 a de nouveau réduit à néant les chances de la 13e division aéroportée de faire ses preuves. Ce même mois, la 13e division aéroportée a été rapatriée et désactivée, ce qui a permis à certains soldats de poursuivre leurs études.
La 17è Division Aéroportée
La 17e division aéroportée était une unité aéroportée de l’armée américaine pendant la Seconde Guerre mondiale, commandée par le major général William M. Miley. Elle a été officiellement activée en tant que division aéroportée en avril 1943, mais n’a pas été immédiatement envoyée sur un théâtre de combat, restant aux États-Unis pour compléter son entraînement. Au cours de ce processus d’entraînement, la division a participé à plusieurs exercices d’entraînement tels que les manœuvres de Knollwood, au cours desquelles elle a joué un rôle essentiel pour assurer le maintien de la division aéroportée en tant que formation militaire au sein de l’armée américaine après les piètres performances des forces aéroportées américaines en Sicile. En tant que telle, elle n’a pas participé aux deux premières opérations aéroportées de grande envergure menées par les Alliés : l’opération Husky et l’opération Neptune. La division a été transférée en Grande-Bretagne après la fin de l’opération Overlord.
Lorsque la division est arrivée en Grande-Bretagne, elle a été placée sous le commandement du XVIIIe corps aéroporté, qui faisait partie de la première armée aéroportée alliée. La division n’a pas été choisie pour participer à l’opération Market Garden (les débarquements aéroportés aux Pays-Bas), les planificateurs alliés estimant qu’elle était arrivée trop tard et qu’elle ne pouvait pas être « entraînée » à temps. Cependant, après la fin de l’opération Market Garden, la division a été envoyée en France puis en Belgique pour combattre dans les Ardennes pendant la bataille des Ardennes. Un soldat de la 17e division reçoit la médaille d’honneur pendant les combats dans les Ardennes (la première des quatre que les membres de la division recevront), et la division est ensuite retirée en France pour se préparer à un assaut sur le Rhin. En mars 1945, la division participe à sa première, et unique, opération aéroportée, en sautant aux côtés de la 6e division aéroportée britannique dans le cadre de l’opération Varsity, au cours de laquelle ses soldats remportent trois autres médailles d’honneur. La division a ensuite progressé dans le nord de l’Allemagne jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale, où elle a brièvement assumé des fonctions d’occupation en Allemagne avant de retourner aux États-Unis. Elle y est officiellement désactivée en septembre 1945, bien qu’elle soit brièvement réactivée en tant que division d’entraînement entre 1948 et 1949.