Les monuments

A la suite des évènements s’étant déroulé à Sainte-Mère-Eglise et dans la région alentours, à partir du 6 juin 1944, un grand nombre d’initiatives commémoratives ont été prises, afin de graver dans la roche les actions héroïques des soldats alliés, offrir une pensée éternelle pour les sacrifices effectués, matérialiser le souvenir des affrontements. On peut donc qualifier la commune et son voisinage de véritable musée à ciel ouvert, regorgeant de monuments, de stèles et autres dispositifs mémoriels, destinés à préserver la mémoire des évènements. Voici quelques-uns des nombreux monuments et édifices relatifs à la seconde guerre mondiale à Sainte-Mère-Eglise et alentours.

Les monuments :

Stèle des 3 cimetières provisoires

Cette stèle a été érigée en mémoire des 3 cimetières provisoires ayant été établis entre 1944 et 1948 suite aux combats de la zone autour de Sainte-Mère-Eglise, dont les victimes s’élèvent à 13787. Les familles américaines n’étaient au départ pas autorisées à obtenir le rapatriement des dépouilles, tant que la localisation, le comptage et l’identification de tous les soldats n’avait pas été effectué. Ce n’est qu’à partir de 1947 qu’elles purent finalement récupérer leurs corps. On estime qu’environ 60% des corps furent rapatriés aux Etats-Unis. Les 40% restants furent transférés au nouvellement construit cimetière américain de Colleville-sur-Mer, et à celui de Saint-James. La stèle en leur honneur, qui se trouve … a été inaugurée le 7 juin 2019, en présence de George Ciampa, l’un des 125 soldats américains chargés d’enterrer leurs camarades tombés au combat. Elle a été conçue par l’artiste Yannec Tomada.

Stèle Alexandre Renaud

Alexandre Renaud était le maire de Sainte-Mère-Eglise au moment du Débarquement en Normandie, et de la libération de la ville. Il avait accédé au poste au début de l’année 1944 suite au décès du précédent maire, M. Leroux. Vétéran de la Première Guerre Mondiale, au cours de laquelle il avait obtenu la Croix de Guerre, il s’était reconverti en pharmacien par la suite. Il devint un symbole de l’amitié franco-américaine suite à la fin de la guerre, en développant un fort lien entre Sainte-Mère-Eglise et les Etats-Unis, basé sur l’accueil des soldats et de leurs familles, et la commémoration des combats. La stèle en son honneur fut inaugurée le 28 avril 1968, deux ans après son décès. Elle a été ouvragée par le sculpteur Paul Deschamps. Elle se situe sur la place principale du bourg, le long de la rue du Général de Gaulle.

Monument Airborne

Plaque dédiée au parachutiste du 505ème RIP de la 82ème Airborne Division Clifford A. Maugham, qui atterrit dans le jardin de la maison auprès de laquelle se trouve la plaque, à 1h45 la nuit du 6 juin 1944. Y figurent également l’intégralité des noms des soldats de la 2ème section de la Compagnie F.

Monument Bienaimé Agnès de Beuzeville

Place nommée en hommage au Poilu Bienaimé Agnès, le seul et unique homme originaire de Beuzeville-sur-Plain, à trouver la mort durant la Première Guerre Mondiale. M. Agnès n’habitait certes plus le village lors de la déclaration de la guerre, il en restait un des fils. Beuzeville est notamment connue pour avoir, jusqu’à la preuve du lien de M. Agnès au village, été la seule commune de France à ne dénombrer aucun de ses habitants morts pour la France, ce qui explique l’absence de monument aux morts en son sein. Lors de la Grande Guerre, les 14 habitants s’étant engagés sont tous revenus ; suite à la seconde guerre mondiale, on dénombre seulement deux prisonniers de guerre ; et même en remontant dans le passé, on remarque que Beuzeville n’a jamais souffert de victimes de guerre dans sa communauté. Pour autant, il y eut des morts suite au débarquement à Beuzeville: le 6 juin à 11h12, un avion C-47 du 439è Troop Carrier Group transportant 17 parachutistes du 506è Infantry Regiment, en plus des 5 membres d’équipage, fut fatalement atteint par la DCA de la Wehrmacht et vint s’écraser dans la commune. Tous furent tués sur le coup. C’est en leur honneur qu’une stèle a été érigée le 6 juin 2000.

Stèle Gavin et Ridgway

Cette stèle rend hommage aux généraux James M. Gavin, brigadier-général de la 82ème Airborne, et Matthew Ridgway, commandant de la 82ème Airborne durant le débarquement, qui furent des acteurs-clés de la libération de la ville et ses environs.

Borne Zéro

La Voie de la Liberté s’étend de Sainte-Mère-Eglise jusqu’à Bastogne. Elle commémore la victoire des Alliés et la Libération de la France, de la Belgique et du Luxembourg suite aux évènements du 6 juin 1944. Il s’agit de bornes kilométriques jalonnant le réseau routier entre Sainte-Mère-Eglise (borne 0) et Utah Beach (borne 00) d’un côté, et Bastogne en Belgique. Elle suit l’itinéraire suivi par la 3ème armée américaine commandée par le général Patton, depuis son débarquement en Normandie, sa percée dans le Cotentin, puis son parcours dorénavant gravé dans l’histoire qui l’amena, en seulement 54 jours, jusqu’à Metz. Ainsi, on trouve une borne à chaque kilomètre du trajet de l’armée. Ce projet a été initié parallèlement à la résolution de la guerre, par le colonel Guy de La Vasselais, ancien chef de la mission militaire française de la liaison tactique près du XXè Corps de la IIIème Armée US. Il souhaitait créer un monument à grande échelle commémorant la progression des armées alliées. La borne finale, celle de Bastogne, fut posée le 5 juillet 1947, tandis que la borne zéro de Sainte-Mère-Eglise, elle, fut posée le 16 septembre 1947, devant l’hôtel de ville. La borne a été sculptée par François Cogné, et était à l’origine en ciment rose, mesurant environ 1m de haut. Néanmoins, en France, bon nombre de bornes durent être remplacées par des copies plus légères et donc moins dangereuses en cas d’accident de la route. Au niveau iconographique, la flamme représentée sur la borne revêt plusieurs symboliques: elle est le symbole de la liberté, dont la torche est brandie hors des flots, rappelant l’arrivée des troupes par la mer ; torche qui est en outre réminiscente de celle de la statue de la liberté à New-York.

Monument du camp des prisonniers

Le monument de la libération de Foucarville a été crée pour commémorer le camp de prisonniers qui se trouvait sur la route départementale 14 entre Ravenoville et Foucarville. L’armée américaine créa peu après le Débarquement un camp afin d’y regrouper tous les prisonniers allemands, du nom de Continental Central Enclosure n°9, et d’une superficie de 100 hectares. Le lieutenant-colonel Kennedy était chargé du commandement. Elaboré par le génie américain et mettant à contribution les prisonniers eux-mêmes, on y trouvait une boulangerie, une école, un cinéma, deux théâtres, un hôpital ou encore deux églises. Il accueillit jusqu’à 40 000 prisonniers, incluant notamment plus de 200 généraux et 4 amiraux. En tout et pour tout, plus de 100 000 hommes y ont effectué un passage. Il fut fermé au début de l’année 1947. 

Monument Iron Mike

Le monument Iron Mike du pont de La Fière commémore la violente bataille s’étant déroulée entre le 6 et le 9 juin 1944 entre les forces parachutistes américaines et les soldats allemands, pour le contrôle du pont qui enjambait la rivière Merderet, à l’ouest de Sainte-Mère-Eglise. L’affrontement, qui tourna vite à la guerre de position, causa d’énormes pertes des deux côtés.

Statue Teddy Roosevelt Jr

Dernier monument en date à avoir été érigé à Sainte-Mère-Eglise, ayant été inauguré le 6 juin 2022, cette statue de bronze est toute chargée de symbolique. Fabriquée à Boston aux Etats-Unis, elle est offerte à la ville par la fondation Operation Democracy, en collaboration avec l’American Legion. Le socle de pierre de Lessay sur lequel elle repose a été construit par l’entreprise Renov des Marais de Sainte-Mère-Eglise, sous la houlette de la municipalité de la ville. Selon Cathy Cyphers Soref, représentante de la fondation Operation Democracy, elle fait figure de réciproque à la statue de la Liberté, qui était un don de la France aux Etats-Unis. Le projet remonte à 2018, année durant laquelle le maire de l’époque, Jean Quétier, et Susan Eisenhower, petite-fille du général, s’étaient rapprochés de la fondation afin d’initier les pourparlers. Théodore Roosevelt Jr., qui était déjà un héros de la Première Guerre Mondiale, a repris du service en avril 1941 comme commandant du 26ème Régiment d’Infanterie de la 1ère Division d’Infanterie, la même avec qui il avait combattu durant la Grande Guerre. Quelques mois plus tard, il fut promu brigadier-général. Après la campagne en Afrique du Nord, Roosevelt débarqua sur la plage d’Utah le 6 juin 1944 avec ses hommes, à l’âge de 56 ans, faisant de lui le seul officier général à avoir vécu les premières vagues d’assaut aux côtés de ses hommes sur cette plage. Plus tard, le 12 juillet, il décède d’une crise cardiaque aux alentours de Méautis. Cette statue est donc un hommage à son tempérament impétueux, sa proximité fraternelle puis paternelle avec ses hommes, et son audace.

Monument Signal

Les monuments signaux sont une série de 10 monuments bâtis par le comité du Débarquement de Normandie sur les sites historiques du Débarquement. L’architecte Yves-Marie Froidevaux a chapeauté la réalisation de ce projet. Il en existe 3 dans la Manche: à Carentan, à Saint-Martin-de-Varreville, et à Sainte-Mère-Eglise. Ce dernier, situé dans le bourg de la ville, commémore la libération du canton le 6 juin par les 82ème et 101ème divisions Airborne.

Jardin du 508è régiment d’infanterie para US de Chef-du-Pont

Sur la Départementale 70, à la sortie de Chef-du-Pont vers Pont-l’Abbé, se trouve un jardin où trônent un monument commémoratif ainsi que 3 stèles. Le premier est dédié au 508ème Régiment d’Infanterie de la 82ème Airborne Division.
La première des 3 stèles est construite le 4 juin 1976 au centre du jardin.
La seconde rend hommage à O.B. Hill, le fondateur de l’association des vétérans du 508è.
Enfin, la troisième stèle, dernière en date, installée le 5 juin 2012, est dédiée au capitaine Rex Combs.

Monument Rex Combs

Stèle située sur le monument aux Morts, dans le cimetière près de l’église, et dédiée au capitaine Rex Combs, l’un des parachutistes du 508ème qui ont libéré la commune de Chef-du-Pont le 6 juin 1944. Cette nuit-là, une centaine de parachutistes des 507è et 508è de la 82ème Airborne Division, menés par le lieutenant-colonel Otsberg, se lance à l’assaut de la commune. Leur mission: prendre contrôle du bourg et du pont du Merderet. Le groupe fait son approche en suivant la ligne de chemin de fer. Les deux premières tentatives de sécurisation du pont se soldent par un échec. Le groupe décide de se scinder en deux, afin de pouvoir envoyer une force à l’assaut du pont de La Fière, un autre point stratégique crucial. Il ne reste alors que 34 soldats pour parvenir à libérer Chef-du-Pont. Ils y parviendront grâce à un parachutage d’armes et de munitions providentiel de leurs camarades. Le capitaine Combs participera subséquemment aux combats en Belgique, et aux Pays-Bas. Il fut décoré de la Silver Star, de la Purple Heart, et anobli par la reine Wilhemine des Pays-Bas suite à ses faits d’armes dans la région de Nimègue, du 17 septembre au 4 octobre 1944. La stèle a été inaugurée en 2012, année où Rex Combs aurait pris ses 100 ans. Il est décédé à Chicago en 1976.

Monument aux morts du cimetière de Sainte-Mère-Eglise

Situé dans le cimetière communal, il rend hommage aux soldats décédés au combat durant les guerres du XXème siècle. C’est un obélisque sur socle portant une croix latine ainsi qu’une palme. Il est entouré d’obus pacifiés et reliés par une chaîne. Il porte l’épitaphe « Aux morts pour la patrie 1914-1918 ».

  • Première Guerre Mondiale: 55 morts, dont Auguste Chapey et Raoul Gallin
  • Seconde Guerre Mondiale: 1 mort
  • Indochine: 1 mort
  • Afrique du Nord/Algérie: 1 mort

Stèle Airfield La Londe

Erigée en juin 1979, cette stèle commémore la courte existence de l’aérodrome de La Londe, le premier aérodrome de l’US Army en France, aménagé par le 552nd AAA AW Battalion du colonel Benjamin M. Warfield, du 12 juin au 26 juillet 1944. Elle se situe avant le lieu-dit La Londe, au bord de la D17 en direction de Beuzeville-au-Plain.

Monument DeGlopper

Le PFC Charles DeGlopper, du 325è régiment d’infanterie des planeurs (GIR) de la 82è Airborne, s’est illustré par un grand acte héroïque le 9 juin 1944 à La Fière. Alors qu’une partie du 1er Bataillon de la compagnie C de la 82ème Airborne avait été coupé du reste de son groupe par une attaque allemande, DeGlopper s’est interposé et a fait feu sur les assaillants afin de gagner suffisamment de temps pour que ses camarades puissent s’échapper. Malgré les balles reçues, il continua à tirer, et parvint en détournant l’attention des allemands à sauver ses camarades. Pour ce sacrifice, il obtint à titre posthume la Medal of Honor, la plus haute distinction militaire américaine, et est le seul soldat de sa division à l’avoir reçue dans le cadre de la campagne de Normandie.

Monument Père Ignatius Materkowski

Le père Ignatius Materkowski était un homme de Dieu qui s’était porté volontaire comme aumônier militaire du 508th PIR de la 82è Airborne Division en 1942. Il fut parachuté avec ses camarades aux premières heures du Jour J en territoire ennemi, dans le hameau de Guetteville, à Picauville. Près de là, un planeur américain s’était crashé et de nombreux blessés avaient besoin d’aide. Le père Ignatius commença à s’occuper d’eux et réalisa qu’il allait falloir une aide médicale conséquente. Il prit une décision risquée, et tenta d’aller négocier avec les allemands d’en face afin de mutualiser leurs blessés en un hôpital commun. Il traversa le champ de bataille sans armes, avec son insigne d’aumônier et son bandeau de la Croix Rouge jusqu’au poste du médic Nazi. En revenant, il fut abattu d’une balle dans le dos par un sniper ennemi, devenant le seul aumônier américain à trouver la mort au Jour J.

Mémorial Charles Timmes

Le lieutenant-colonel Charles Timmes était le commandant du 2è Bataillon du 507th PIR, 82ème Airborne Division, qui avait pour objectif de capturer la sortie ouest du pont de La Fière. Mais suite aux sauts en parachute de la nuit du 5 au 6 juin, le bataillon se retrouva largement éparpillé tout au long de la rivière de la Merderet. Au soir du 6 juin cependant, Timmes avait réussi à regrouper environ 100 hommes, sur des positions défensives, dans un verger. Du 6 au 9 juin, lui et ses hommes repoussèrent de multiples attaques allemandes avec vaillance.
Deux autres plaques se trouvent à la gauche et à la droite de la plaque Timmes: la première en l’honneur du 325th GIR, la seconde au 508th PIR.

L’église Notre-Dame-de-l’Assomption de Sainte-Mère-Eglise

Cette église, dont les fondations remontent aux XIIè-XIIIè siècles, fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques par la liste de 1840. Sa construction a débuté suite à la création de la paroisse. De style roman, c’est un édifice catholique. Elle a accédé à la renommée mondiale suite au film Le jour le plus long de 1962, qui dépeint l’histoire vraie du parachutiste américain John Steele.

Depuis cette époque, le comité des fêtes de la commune prit l’initiative d’installer accroché au clocher un mannequin, portant le sobriquet de Big Jim, en souvenir de John Steele. Les changements réguliers d’uniforme et d’équipement – nécessaires notamment à cause du célèbre climat du Cotentin – du mannequin sont assurés par l’Airborne Museum.

L’église porte également d’autres souvenirs de la période de la guerre: tout d’abord ses vitraux. En 1969, les membres du C-47 Club, majoritairement des vétérans du 505ème régiment de la 82ème Airborne Division, venus par train à Sainte-Mère-Eglise pour les commémorations du 25ème anniversaire du Débarquement, avaient fait la promesse de financer un vitrail à la mémoire de leurs frères d’armes tombés au combat. Cette promesse a été rapidement tenue: le 4 juin 1972, lors d’une cérémonie religieuse. Le maître-verrier Gabriel Loire a conçu cette œuvre hors-normes, où l’archange Saint-Michel surplombe des parachutistes descendant du ciel. Il existe également un second vitrail représentant lui la Vierge Marie entourée de parachutistes.

Par ailleurs, dans l’absidiole nord du transept, se trouve un orgue mémorial, dédié à tous les morts civils et militaires de la guerre, qui a été inauguré le 5 juin 1984.

La croix

Outre les monuments relatifs à l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale, on trouve sur la place de l’église de Sainte-Mère-Eglise une « croix monumentale milliaire ». Consistant en un piédestal octogonal, une base attique, une borne milliaire romaine en calcaire de Valognes, un fût de colonne taillé en forme de pain de sucre, et enfin une sphère de pierre sur laquelle a été installée une croix, il a été identifié pour la première fois par l’archéologue et historien français Arcisse de Caumont en 1862.

Ce mystérieux édifice, dont la datation est extrêmement complexe, intrigue les spécialistes depuis près de 200 ans. D’autant que l’inscription sur la borne milliaire romaine a gravement subi l’érosion temporelle, qui a effacé la plupart de ses signes, ce qui rend son déchiffrage très difficile. Pourtant, une lecture de 1987 établit le nom de Crouciatonnum (ou Crociatonum), ainsi qu’une distance de 9000 pas, ce qui désignerait le chef-lieu de cité du peuple des Unelli, une tribu gauloise du Cotentin. De là à assimiler Sainte-Mère-Eglise à la cité antique de Crouciatonnum, il y a encore une certaine distance, puisque la borne aurait très bien pu être déplacée à un certain moment de l’histoire.

C’est pourtant une hypothèse que considère le cercle de recherche valognais Pays d’art et d’histoire du Cotentin. Une énigme qui reste malgré tout à élucider.

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