« L’ange oublié de Bastogne », Augusta Chiwy

Batailles

21/12/2022

Le siège de Bastogne s’est déroulé dans des conditions épouvantables à tous points de vue: Les troupes américaines étaient complètement encerclées par une immense armée allemande, et devaient y faire face dans un rapport de proportion d’1 contre 5 ; ces mêmes troupes manquaient cruellement d’équipement d’hiver, de fournitures médicales ; enfin c’était l’hiver le plus cruel de l’histoire récente de la région, et la météo a temporairement rendu impossible tout ravitaillement aérien des assiégés. Suite à la décision du commandant du XL VII Panzer Corps, le général von Lüttwitz, d’encercler la ville depuis le sud et le sud-ouest, et l’exécution de cet ordre durant la nuit du 20 au 21, les 7 routes menant à la ville furent totalement bloquées par les forces allemandes à midi le 21 décembre, créant véritablement la situation de siège. Une jeune infirmière du nom d’Augusta Chiwy avait pourtant tout juste eu le temps de pénétrer dans Bastogne avant la coupure des axes routiers. La jeune femme, née au Congo belge d’une mère noire et d’un père blanc vétérinaire de Bastogne, où elle vécut à partir de ses 9 ans, était devenue infirmière en 1943 et ce en dépit du racisme notoire en Belgique à cette époque. Elle travaillait depuis dans un hôpital de Leuven, à environ 140km de Bastogne. Elle avait entrepris de revenir à Bastogne voir son père pour Noël et était arrivée le 20 décembre. Le lendemain, l’infirmière Renée Lemaire se porta volontaire à un des hôpitaux de campagne de la ville. Cet hôpital, dirigé par le médecin John Prior, recevait déjà des soldats américains terriblement blessés. Lemaire informa Prior de la présence d’une autre infirmière, Chiwy, en ville. Prior n’hésita pas une seconde et alla voir la famille qui se cachait dans son sous-sol afin de demander à Augusta son aide, ce qu’elle accepta sur le champ. Certains soldats eurent des objections à être traités par une infirmière noire, à quoi Prior rétorqua qu’ils pouvaient tout aussi bien rejoindre les cadavres gelés dehors. Chiwy se distingua par son courage, s’occupant des cas les plus graves, et allant jusqu’à aller chercher les blessés dehors, bravant le feu ennemi. Le 24 décembre, tandis que Prior, quelques-uns de ses hommes, et Chiwy partageaient une rapide coupe de champagne afin de marquer la date dans un immeuble adjacent, une bombe explosa dans l’appartement qui servait d’hôpital, tuant 20 soldats blessés, et l’infirmière Renée Lemaire. Augusta Chiwy redoubla d’efforts pour compenser le décès de Lemaire jusqu’à la fin du siège de la ville. Ce n’est que 65 ans après, que l’histoire d’Augusta Chiwy fut connue. L’historien Martin King, spécialisé dans la Bataille des Ardennes, parvint à remonter sa trace, et s’entretenir avec elle. Elle fut faite Chevalier de l’Ordre de la Couronne en 2011 par le ministre de la défense belge, et reçut la même année le Civilian Award for Humanitarian Service de l’US Army.   

Augusta Chiwy en 1943
Augusta Chiwy lors de la cérémonie de l'ordre de la couronne en 2011
Augusta Chiwy lors de la cérémonie de l’ordre de la couronne en 2011
Le livre de Martin King
Le livre de Martin King
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Le massacre de Malmedy

Batailles

17/12/2022

Le Kampfgruppe Peiper était une féroce unité blindée composée notamment de 5000 SS Panzer Grenadiers, 40 Mark V Panther tanks, 40 Mark IV Panzer tanks, 15 Jagdpanzer IV tank destroyers, 42 tanks King Tiger, 5 canons anti-aériens 12 20mm, au-delà de ses troupes d’infanterie. A sa tête, le Waffen SS Joachim Peiper, officier supérieur de la 1ère Panzer Division SS Leibstandarte Adolf Hilter. Cette unité est responsable du Massacre de Malmedy (la ville la plus proche du lieu du crime), qui s’est déroulé le 17 décembre 1944 au carrefour de Baugnez en Belgique. L’avant-garde de Peiper ouvre le feu sur un convoi américain d’une trentaine de véhicules traversant la zone, et l’immobilise complètement, étant donné qu’il est totalement dépourvu d’armes lourdes. Ils se rendent rapidement, et les allemands les regroupent dans une prairie, après quoi, pour une raison encore à ce jour incertaine (les rapports allemands et américains ne concordent pas), ils ouvrent le feu et abattent un grand nombre soldats américains, considérés comme prisonniers de guerre. Dans le chaos, certains autres parviennent à s’enfuir. S’ensuit une traque impitoyable qui laissera au final 84 morts, et 43 survivants, qui réussissent à rejoindre leurs lignes, à Malmedy. Ce crime de guerre, ainsi que le reste des exactions du Kampfgruppe Peiper, qui avait déjà et a continué par la suite commettre des crimes de guerre dans les Ardennes, a été jugé par le tribunal militaire de Dachau en 1946. C’est le seul massacre de cette ampleur perpétré sur les troupes américaines en Europe durant le conflit. Photo°1: Kampfgruppe Peiper avançant sur Malmedy. Crédit: United States Army in World War II. European Theater of Operations. The Ardennes: Battle of the Bulge Cole, H. 1964, p. 262. Photo n°2: Mémorial à Baugnez, près de Malmedy. Chacune des pierres noires rectangulaires insérées dans le mur porte le nom d’une victime. Crédit: American Legion.

United States Army in World War II – The Ardennes ; Cole, H. p. 262.
American Legion
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Le départ des troupes aéroportées pour les Ardennes en décembre 1944

Batailles

16/12/2022

Au lendemain du début de la Bataille des Ardennes, le 17 décembre au soir, le général Eisenhower prend la décision d’envoyer les 82è et 101è Airborne Divisions (qui étaient en réserve à Reims) dans les Ardennes pour renforcer les troupes américaines. Puisque la 82è était restée plus longtemps en réserve, elle était mieux rééquipée, et partit en première de Mourmelon, tandis que la 101è partit dans l’après-midi du 18. A cause des conditions météorologiques peu clémentes, entre grésil et la bruine, le saut en parachute était exclu. Les hommes sont donc montés à bord de camions de transport pour se rendre aux endroits qui leur étaient assignés. Tandis que la 82è était dispatchée dans la face nord des Ardennes, près d’Elsenborn Ridge, pour bloquer l’avance dangereuse de Joachim Peiper en direction de Werbomont, la 101è, elle, se dirigeait vers Bastognes. La division allait être arrivée au complet au petit matin du 20 décembre, un timing particulièrement providentiel en rétrospective !

Soldats d’infanterie américains s’abritant du feu ennemi durant la bataille de Heartbreak Crossroads, dans le sbois de Krinkelter, le 14 décembre 1944. Celle-ci allait donner lieu ensuite à la bataille d’Elsenborn Ridge
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Casablanca 1942: la seule véritable bataille navale entre la France et les USA

Batailles

09/11/2022

Saviez-vous qu’en outre de la première historique qu’a constitué l’assaut aéroporté à Oran, un autre évènement unique en son genre s’est produit au cours de l’opération Torch, à savoir la seule véritable bataille navale entre la France et les Etats-Unis? Il s’agit de la bataille de Casablanca. Si les forces françaises du régime de Vichy ont accueilli les parachutistes américains à feu nourri (à la fois de par leurs canons anti-aériens mais aussi leurs aviateurs utilisant des Dewoitine) à Oran, les dispositifs de défense navals de l’armée française ont subi de plein fouet l’assaut de l’armée américaine dans la capitale économique du Maroc, qui a débuté dans la nuit du 8 novembre. C’est le général Patton et ses 35 000 soldats, qui est en charge de cette phase d’assaut, qui se justifie par l’inquiétude causée par la flotte française, composée notamment du cuirassé Jean Bart (qui n’est pas totalement terminé mais est apte à faire feu), de nombreux croiseurs, ainsi que le cuirassé Richelieu, en station à Dakar. Au cours de la nuit, le porte-avions Ranger, le cuirassé Massachusetts, des croiseurs, des destroyers et des sous-marins américains approchent de la ville, tandis que des troupes débarquent sur les plages. Au lever du soleil, sans avertissements, les Etats-Unis lancent l’assaut. La flotte française de Casablanca a tenté de résister tant bien que mal face à la flotte américaine de l’amiral Hewitt, qui la surpassait à la fois en nombre et en technologie. L’affrontement se terminera en début d’après-midi le 8 novembre, et le bilan sera très lourd côté français: plusieurs sous-marins, des paquebots, des torpilleurs sont défaits et de nombreuses victimes humaines. La journée du 9 se déroula dans un calme relatif mais gorgé de confusion et d’appréhension. En Algérie, les opérations se sont déroulées avec succès, aussi Eisenhower pressurise Patton, qui de son côté peine à progresser: Casablanca résiste malgré l’encerclement. Le 10, les marins français, épaulés par les tirailleurs sénégalais, affrontent les soldats américains. Deux avisos français échappent de peu à un funeste destin face au croiseur lourd L’Augusta. Vers 16h, tandis que l’accord de reddition a été signé mais point encore transmis, les forces américaines s’acharnent encore un peu sur le cuirassé français Jean Bart. Casablanca capitule après 3 jours de combat, qui auraient pu être évités si les Etats-Unis avaient mieux préparé leur opération, étant donné qu’une grande partie des troupes françaises de la zone souhaitait rejoindre les Alliés.

Le Général Patton et l’Amiral Hewitt sur l’USS Augusta – © US Navy
Vue aérienne du port de Casablanca – © Library of Congress
Le Jean Bart – © Naval History & Heritage Command
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L’Opération Torch : le premier déploiement de parachutistes américains durant la seconde guerre mondiale

Batailles

08/11/2022

Le 8 novembre 1942 débutait l’Opération Torch, qui marque le premier déploiement de parachutistes américains sur le terrain durant la seconde guerre mondiale, celui du 2ème bataillon du 509th PIR, à Tafaraoui, près d’Oran, en Algérie. Aux commandes de l’opération, le général Eisenhower. A la planification, le général Mark Clark, et son conseiller airborne, un certain William P. Yarborough, un des pionniers de l’airborne américaine, qui a notamment conçu les bottes de saut, le badge et l’uniforme des parachutistes M41 et M42. Dans la nuit du 7 au 8, 556 parachutistes, aux ordres du Lieutenant-colonel Edson Raff, partent pour le vol de combat le plus long de l’histoire des troupes aéroportées américaines: 2500km, et ce sans escorte. Ils survoleront ce faisant l’Espagne officiellement neutre. 39 C47 décollent d’Angleterre avec pour objectif de s’emparer des aérodromes de Tafaraoui et de la Sénia, proches d’Oran. A cette époque, l’Afrique du Nord est toujours sous contrôle de Vichy et les américains ne savent pas comment vont réagir les forces françaises sur place. Au-dessus de l’Espagne, un vent violent sépare la formation. A l’aube, les avions sont éparpillés du Maroc jusqu’à Oran. Alors que les avions de tête amorcent leur descente sur l’aérodrome de la Sénia, ils sont pris pour cible par la DCA. A court de carburant, 24 C47 se posent en catastrophe sur le lac salé Sebkhra, près d’Oran, avant d’être capturés. Trois C47 sont mitraillés par des avions de chasse français ; 4 parachutistes et deux pilotes perdent la vie. Seuls 6 avions, dont celui d’Edson Raff, parviennent à larguer leurs parachutistes au sud d’Oran., après avoir repéré une colonne blindée américaine se dirigeant sur Sebkhra. Parmi les avions restant, un atterrit à Gibraltar, le réservoir vide ; quatre se posent dans le Sahara espagnol. Leurs équipages et les parachutistes sont faits prisonniers pendant 3 mois. Enfin, trois avions atterrissent à Fez, au Maroc, et sont également faits prisonniers, cette fois par les français de Vichy. Le dernier avion se pose quant à lui dans le massif de l’Atlas, en plein désert, devant un fort français, à Ksar es souk, tenu par la Légion Etrangère. Le bilan de l’opération est mitigé. Malgré le nombre réduit de pertes humaines et la capture des aérodromes, cela ne fut pas un triomphe militaire pour les parachutistes, qui allaient encore devoir faire leurs preuves lors d’opérations suivantes.

Lieutenant-colonel Edson Raff – © U.S Army
William P. Yarborough – © U.S Army
Le 509th PIR en Afrique du Nord – © U.S Army
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Le record du monde de vitesse en saut groupé, et Emile Bouétard, premier français à trouver la mort durant le Jour J

Batailles

23/10/2022

Nous sommes le 23 octobre. En ce jour, en 1943, un groupe de parachutistes SAS de la France Libre, commandé par le lieutenant Pierre Marienne, est entré dans l’histoire: dans le cadre d’un saut réalisé pour tester du matériel et des techniques de saut, ils battirent le record du monde de vitesse en saut groupé. Le stick de 20 paras quitta son avion C47 en 7 secondes et 5 dixièmes, record qui reste d’ailleurs à ce jour inégalé! Par ailleurs, sur cette photo du groupe (prise le jour du record), se trouve notamment un certain Emile Bouétard. Ce caporal breton, suite à la défaite de la France, avait réussi à rejoindre la Grande-Bretagne et s’était engagé dans les FNFL en janvier 1943. Cependant, lui et un de ses camarades, informés de la recherche de volontaires pour servir en tant que parachutistes, décident finalement de s’y engager, et signent le 25 février. Après le record d’octobre 1943 et la fin de son entraînement, il est parachuté lors du jour J avec le lieutenant Marienne, au cours de l’opération Dingson, près du moulin de Plumelec dans le Morbihan. Une fois au sol, tandis que certains membres du stick recherchent le matériel parachuté après eux, Bouétard et l’équipe radio restent en position. Ils sont alors découverts par un détachement de la Wehrmacht composé de soldats russes, géorgiens et ukrainiens ; Bouétard est blessé puis achevé à 00h40 tandis que ses 3 camarades sont faits prisonniers, faisant ainsi de lui le premier français à être tué lors du Débarquement en Normandie. Plusieurs monuments furent édifiés en son hommage, à Plumelec mais aussi à Pleudihen-sur-Rance, son village natal.

Emile Bouétard – © Emile Bouétard
Le groupe de parachutistes mené par le lieutenant Pierre Marienne – © Pierre LD / AFPSAS
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26 mai 1940, l’évacuation de Dunkerque

Batailles

26/05/2022

Les troupes alliées (françaises, belges et britanniques) engagées dans la tentative de résistance à l’invasion allemande, sous forme de blitzkrieg, de la France livrèrent une féroce bataille dans la ville de Dunkerque. Cependant, vint un moment durant la bataille où elles furent coupées de leurs arrières par l’armée allemande. Winston Churchill ordonna, le 26 mai 1940, l’évacuation de Dunkerque. Tandis que les troupes, essentiellement des soldats français, restées à l’arrière combattraient vaillamment afin de protéger l’embarquement de leurs camarades, le gros des troupes serait acheminé jusqu’en Angleterre. Le 1er jour, seulement 7500 hommes furent évacués, mais au bout du 9ème, le 4 juin, 198 229 soldats britanniques et 139 997 français, pour un total de 338 226 soldats, avaient été évacués, grâce à une flotte colossale de 850 bâteaux, forcément dépêchée à la hâte. Cette opération, qui pourtant était initiée par de très funestes auspices, fut au final considérée comme un succès, puisque 85% des troupes purent être sauvées, au détriment des 50 000 morts du côté alliés. Cette opération de sauvetage avait pour nom de code Dynamo, du fait de la salle de la dynamo du QG naval situé sous le château de Douvres, où le vice-amiral britannique Bertram Ramsay planifia l’opération en accord avec Churchill. En ce jour, nous vous souhaitons donc un très bon week-end de l’Ascension, et avons une pensée pour l’héroïsme des soldats français restés en arrière pour combattre.

Des soldats allemands devant les casques abandonnés par les Alliés sur la plage de Dunkerque – © AKG Images
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