William « Billy » Mitchell, pionnier de l’Airborne US

Portrait

30/10/2022

L’armée américaine est la première à avoir pensé à se doter d’une Air Infantry et ce, dès 1918. Le Brigadier-General William « Billy » Mitchell suggère de retirer du front de Meuse-Argonne la 1st US Infantry Division, pour les initier au saut en parachute, afin de les larguer ensuite derrière les lignes allemandes et ainsi faciliter la prise de la forteresse de Metz. L’opération est programmée au printemps 1919. Il est prévu de mobiliser 1200 bombardiers Handley Page O/400. Une fois au sol, les soldats seraient ravitaillés par air et appuyés par la chasse. Cependant, la fin des hostilités intervient avant que l’opération ne puisse être lancée en novembre 1918. L’idée visionnaire de Mitchell restera sans lendemain en raison des coupes sombres infligées au budget de l’armée au sortir de la guerre. Il dit pourtant, dès novembre 1918, lors d’un discours au Call Field Memorial Museum: « L’époque où les armées à terre et les navires sur l’eau pouvaient décider du destin d’une nation en guerre est révolue. Le principal pouvoir de défense tout comme d’initiative contre un ennemi est désormais dans les airs. ». Il restera un véhément avocat de l’utilité et du potentiel des forces aériennes au sein de l’armée américaine, ce qui ne lui vaudra pas que des amis. Suite au crash du dirigeable Shenandoah en septembre 1925, il profère des accusations à l’encontre des hauts gradés de l’armée de terre et de la marine, il sera traduit en court martiale. Suite à sa suspension, il démissionne. Pourtant, il fut réhabilité à titre posthume pour sa vision et sa prescience, et sa qualité de pionnier, de bien des manières: promotion au titre de major général, attribution de son nom au bombardier North American B25 Mitchell…

© Wisconsin Aviation Hall of Fame
Billy Mitchell avec Tony Fokker, 1922 – © George Hardie
Mitchell à sa court-martiale – © Wisconsin Aviation Hall of Fame
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Leonard A. Funk Jr., légende de la 82ème Airborne Division

Portrait

21/07/2022

Connaissez-vous Leonard A. Funk Jr., l’un des plus illustres parachutistes de la 82ème Airborne? A l’instar d’Audie Murphy, Funk est le récipiendaire d’un nombre faramineux de décorations, qu’il a méritées durant les campagnes de Normandie, de Market Garden, et des Ardennes. Funk appartenait à la Compagnie C du 1er Bataillon de la 508th PIR de la 82ème. Il vécut sa première expérience de combat le 6 juin 1944, à l’âge de 28 ans. Il fit preuve d’un leadership exemplaire, parvenant à préserver l’intégralité de son unité durant les quelques jours de combat auxquels ils prirent part, ce qui valut à Funk la Silver Star. Non content de cela, il fut déployé en septembre pour Market Garden. A la tête d’une patrouille de 3 hommes, il a attaqué une batterie allemande de 3 canons anti-aériens de 20mm qui tiraillaient les planeurs alliés, et est parvenu à neutraliser les canons et leur équipe, composée de plus de 20 soldats. Cela a dégagé le ciel pour les planeurs, permettant de sauvegarder des centaines de soldats, et lui a valu la Distinguished Service Cross. Vint janvier 1945 et le déploiement de Funk dans les Ardennes. Dorénavant le premier sergent de sa compagnie, lui et ses hommes croisèrent un groupe de 80 soldats allemands échappés de leur captivité, à Holzheim en Belgique. Un officier de ce groupe braqua son arme sur Funk, le sommant de se rendre. C’est là que se produisit une scène là aussi digne d’un film ou d’un jeu vidéo: Funk dégagea lentement sa mitraillette de son épaule, comme pour la donner à l’officier allemand, mais au lieu de cela, il s’en saisit et fit feu de tout bois, tout en hurlant à ses camarades de saisir les armes ennemies. En quelques minutes, 21 allemands étaient morts, bien d’autres blessés et le reste capturé, neutralisant une unité ennemie hautement dangereuse car imprévisible, et permettant à sa propre unité de poursuivre ses objectifs comme prévu. Il reçut pour cet exploit d’une rare audace la Medal of Honor, en septembre 1945, qui s’ajouta à sa longue liste de distinctions incluant également la Bronze Star et la Purple Heart avec deux feuilles de chêne. Après la guerre, il s’investit dans la Veterans Administration de Pittsburgh, jusqu’à sa retraite, qu’il coula paisiblement avec sa femme en Pennsylvanie. Une plaque en son honneur a été érigée au monument aux vétérans de Braddock Hills, ville où il est né et est décédé.

© US Army
Funk Jr. recevant une médaille de la part du président des Etats-Unis, en 1945 – © US Army
Veterans Memorial, Braddock Hills – © American Legion
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Audie Murphy, d’une carrière exceptionnelle de soldat à celle d’acteur à succès

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13/07/2022

Mettre en lumière les trajectoires extraordinaires de personnages méconnus est une des composantes fondamentales de l’Histoire, n’est-ce pas? Aujourd’hui, nous avons dans cette optique pensé à vous parler d’Audie Murphy – à ne pas confondre avec son quasi homonyme acteur à succès -, un soldat américain vraiment pas comme les autres. Les qualificatifs manquent pour désigner les compétences militaires de Mr. Murphy. Rendez-vous compte: il figure parmi les soldats les plus décorés de la seconde guerre mondiale. Il s’est continuellement distingué sur le front par ses faits d’armes confinant parfois sinon à l’inconscience, au moins à l’exceptionnelle témérité. Celui qui lui valut la Medal of Honor relève littéralement du scénario de film de guerre peu crédible, pourtant c’est ainsi que les choses se sont passées: En janvier 1945, Murphy, venant tout juste de recevoir une grappe de feuilles de chêne pour sa Purple Heart – rien de bien incroyable -, fut envoyé avec la 3ème division d’infanterie dans la ville d’Holtzwihr, dans le cadre de la bataille de Colmar. La contre-attaque allemande contre la ville fut sévère, et Murphy fut blessé aux deux jambes par un tir de mortier. Sa compagnie presque totalement décimée, Murphy en reçut le commandement. Pendant qu’ils attendaient des renforts, le chasseur de chars M10 qui les accompagnait fut détruit par les allemands, promptant Murphy à ordonner à ses hommes de se replier, pendant que lui restait en arrière avec seulement sa carabine M1 pour leur faire face. Murphy rejoignit le M10 encore brûlant, et s’empara de sa mitrailleuse M2 pour faire feu sur ses opposants, et ce malgré ses blessures et son exposition complète. Il les retint durant une heure, ne s’arrêtant que lorsqu’il fut à court de munitions. Il paracheva cet élan en organisant une contre-attaque qui permit de repousser les soldats ennemis. Il avait seulement 19 ans. Murphy survécut à la guerre, et devint par la suite acteur à succès à Hollywood. Il joua dans plus de 40 films entre 1948 et 1971, date à laquelle il décéda dans un accident d’avion. Dans cet intervalle, il fut également rapporté, sans grande surprise, que Murphy souffrait d’un sévère Stress Post-traumatique: insomnie, dépression, grande réactivité au moindre bruit. Il dormait avec un pistolet chargé sous son oreiller et souffrait de violents cauchemars. Raison pour laquelle, à la fin des années 60, Murphy monta au créneau afin d’attirer l’attention sur les syndromes mentaux qui faisaient ravage chez les vétérans, notamment de la Corée et du Vietnam. Il intercéda auprès du gouvernement et du département des Anciens Combattants pour l’accroissement des aides aux victimes de ces syndromes, mais décéda avant d’avoir pu voir ses efforts se concrétiser. Ceci donne tout son sens au titre de son autobiographie, To Hell and Back. Mr. Murphy laisse derrière lui un palmarès prodigieux, ayant obtenu non seulement la grande majorité des distinctions militaires américaines, mais également bon nombre de distinctions françaises, telles que la Légion d’Honneur. C’est aussi pour son franc-parler qu’il sera remémoré, puisqu’il n’a pas hésité à fustiger l’industrie cinématographique pour son hypocrisie et sa convoitise malsaine.

© PJF Military Collection/Alamy
© US Army
Public Domain
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Charles Trépel, l’étoffe des meilleurs

Portrait

24/06/2022

Charles Trépel, un soldat hors-du-commun, l’étoffe des meilleurs. Une vie trop courte, qui ne lui aura pas permis d’accomplir tout ce à quoi son potentiel le destinait. Et pourtant, sa vie fut extrêmement riche, c’est donc dire ce qu’il recelait en lui. Né le 21 septembre à 1908 à Odessa, en Crimée, Russie. Il serait, de par sa famille, d’origine tchécoslovaque. Il passe son adolescence dans un contexte socio-politique forcément chaotique. Suivant la révolution russe de 1917, il part vers l’Allemagne, où les turpitudes de sa vie le font enchaîner des périodes de misère extrême et d’opulence. La montée du nazisme, à partir de 1933, sera un élément fondateur de sa ligne de vie, représentant pour lui un ennemi mortel. Cette même année, il quitte l’Allemagne et arrive en France, à Paris. Déjà, à cette époque, il a ce culte de l’effort physique, et pratique intensivement l’athlétisme. Mobilisé dans l’artillerie, il est dès juin 1940 lieutenant, mais est peu après démobilisé. Il passe alors en Espagne, en juillet 1941, où, fait prisonnier, il s’échappe de la prison de Barbastro, pour rejoindre Barcelone, puis Gibraltar en septembre 1941. Novembre 1941 le voit s’établir au camp FFL d’Old Dean, en Angleterre. Il commence rapidement à y suivre un entraînement spécial. Il se retrouve détaché en mai 1942 aux FNFL, et plus particulièrement au détachement d’un certain Philippe Kieffer, au sein de la Special Service Brigade britannique. Le 10 Commando Inter-Allié dont ils font partie avec leurs hommes va séjourner jusqu’en mai 1943 au Pays de Galles. Il ne peut participer au raid de Dieppe du 28 août 1942, n’étant qu’un simple lieutenant. Qu’à cela ne tienne, il reste en retrait pour étudier les procédés de combat et de débarquement anglais. L’année 1943 est une période de forte effervescence dans sa vie. Trépel obtient le commandement de la nouvelle troupe n°8, et entreprend de sélectionner ses hommes, via un processus draconien impliquant notamment la réussite en 60min d’une marche de 7 miles (11.3km). Les épreuves se déroulaient à Achnacarry, en Ecosse. Cela se justifiait tout autant par l’exigence de Trépel, que par la rumeur d’une libération imminente de l’Europe, dûe notamment aux récents succès en Afrique. Trépel voulait être prêt pour l’action. Cette sélection, et l’entraînement tout aussi hardu qui s’ensuivait, n’était pour autant pas dénués d’humanité: Trépel se faisait un point d’honneur à traiter ses hommes avec le plus haut respect et la considération qui allait avec, n’hésitant pas à effectuer un suivi des blessures de chacun. Le bien-être de ses hommes était pour lui fondamental, et ce, contrairement aux idées reçues à son sujet. Il était dur, mais il était juste, tant que ses hommes lui démontraient leur volonté. Suite à cette session commando, 65 hommes reçurent leur badge et leur fameux béret vert, formant la troupe n°8. De retour en Angleterre, Trépel obtint ses 3 galons de capitaine, arrivant à égalité avec les autres chefs de troupe. La structure interne de l’unité finalement complète peu après, Trépel était libre de mettre au point sa tactique, basée sur l’infiltration individuelle, la vraie tactique commando. En bon bourreau de travail, Trépel était infatigable, planchant inlassablement sur des livrets militaires, des questions de cartographies et de topographie. Il travaillait également, de manière plus informelle, à estimer les atouts et caractéristiques propres de chacun de ses hommes, du fait de leurs origines hétéroclites. Peu lui importaient d’où les hommes venaient, ce qui comptait était ce qui les différenciait des autres et ce qu’ils pouvaient apporter comme plus-value. Après l’annonce de la dislocation du n°10, le n°8 reçut ses ordres: ils devaient rejoindre des bases de départ sur la côte sud de l’Angleterre, afin de participer à la série d’opérations Hardtack, au nombre de 10, confiées aux deux troupes françaises. Trépel fut nommé chef d’un raid dirigé sur Berck Plage. Ce fut là une énième occasion, pour ses hommes, d’observer l’extrême minutie du travail de préparation de Trépel, à son attention au détail confinant à l’absurde, et à son anticipation surhumaine. Pour l’opération sur Berck Plage, il a avait spécialement sélectionné ses hommes, dont plusieurs natifs de la ville. Ces raids étaient prévus pour la nuit du 24 au 25 décembre, néanmoins des imprévus divers ne permirent que le déroulement de 5 d’entre eux. Le raid de Trépel était l’une des opérations annulées, ce qui fut pour lui un énorme choc. Suite à cette déconvenue, il se rendit à Londres, pour ne revenir qu’avec l’attribution d’une nouvelle mission et un moral retrouvé. Le n°8 se scinda en deux groupes, celui de Trépel, et celui du lieutenant Chausse, son bras droit. Le groupe de Trépel partir à la base de Great Yarmouth, tandis que celui de Chausse lança son opération sur les côtes de Belgique la nuit du 20 au 21 février 1944. Lorsqu’il revint à sa base, une inquiétante rumeur courait, celle de la disparition de Trépel et de l’échec de son opération. Un mois plus tard, la n°8 se retrouva enfin au complet, et Bougrain, le radio opérateur du groupe de Trépel, put leur rapporter les évènements. Leur raid était dirigé sur un point de côte de la Hollande, au nord de Schevenonger. La 1ère tentative d’assaut se solda par un échec cuisant. Quelques jours après, lors de la nouvelle tentative, et malgré une approche ayant manqué de discrétion, Trépel et son équipe de 6 hommes passèrent sur leur Dinghy et s’enfoncèrent à la pagaie dans la nuit. Le Doris ayant acheminé les hommes patienta jusqu’à 4h du matin, et finirent par accueillir le canot, en pensant à un succès. Mais il ne restait que 2 hommes, et Trépel n’était plus parmi eux. Malgré cette perte incommensurable, la troupe 8 prit part au Débarquement, avec l’unité de Lord Lovat. Après la libération de la Hollande, l’enquête lancée pour déterminer les causes de la disparition des hommes, dont Trépel, ne mena à rien, jusqu’au mois de juin 1945, où 6 corps furent retrouvés, tout près du lieu de leur débarquement. Le capitaine Trépel repose désormais avec ses camarades au cimetière britannique de Wistdvin, près de La Haye. La cause de leur trépas n’a à ce jour pas été déterminée avec certitude. Pour autant, les raisons pour lesquelles le capitaine-commando Charles Trépel était entré dans l’Histoire étaient elles bien évidentes.

© André Trépel
Charles Trépel en démonstration sur l’utilisation de la dague Fairbairn-Sykes – © André Trépel

Article de journal à propos des honneurs rendus à Trépel à l’Arc de Triomphe en 1976 – Source inconnue
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